France - Lire

Moi, Ai Ling Guo, une Chinoise ordinaire

Marie Torres - 9 janvier 2014
Un roman peu ordinaire, signé Stéphane Fière, pour débuter l’année. La chronique d’une jeune Shanghaienne qui se bat et se débat avec ses armes, ou plus exactement avec ses charmes pour survivre dans la Chine contemporaine où philanthropie, dévouement et désintéressement ne sont plus au programme.

« Moi j’aime l’amour.
Enfin, entendons-nous, pas les sentiments – confusion de l’esprit, égarement du bon sens – ni les maux qui les accompagnent : inquiétude permanente, désarroi, absence insoutenable et raison qui chancelle, non, rien d’aussi fade, ces âneries je peux les lire sur mon iPad 5 (3666 renminbi) ou ma liseuse Hanvon (Wisesmart M10690, 2999 renminbi), dans les romans gluants de mièvrerie, de regards fondants, de mains qui tremblent et de cœurs qui battent sans comprendre, non, non, non, trois fois non : moi, j’aime le sexe. »

User et abuser de « son capital le plus précieux », sa beauté

Le ton est donné. Ai Ling Guo, la narratrice du dernier roman de Stéphane Fière, est une jeune Shanghaienne qui ne s’embarrasse pas de scrupules. Elle est sans complexe, à l’aise dans son époque. Elle veut argent, luxe et plaisir, sans attendre. Pour y parvenir elle est prête à tout et notamment à user et abuser de « son capital le plus précieux », sa beauté.

« Je déteste par avance ceux qui ne me regardent pas, ceux que ne me voient pas, une atteinte insupportable à ma dignité, une négation de tout mon être, mais ça n’arrive jamais, ou rarement, je ne suis invisible aux yeux de personne ».

Ai Ling Guo ne perd pas de vue pour autant que amour et business ne vont pas de pair… enfin jusqu’au jour où « Il » se présente et d’une façon on ne peut plus inattendue.

« Je ne comprends pas, je ne comprends pas. Xié Fei n’est pas mon genre ; il n’est rien pour moi, rien, rien. Et moi je ne suis rien pour lui. J’appréhende son corps résigné. Pourquoi m’encombrerais-je d’une moitié d’homme incapable de combler une femme ? N’en parlons plus. »

« Une Chinoise ordinaire » n’est pas une romance sentimentale

Mais ne vous méprenez pas « Une Chinoise ordinaire » n’est pas une romance sentimentale. Un roman à l’eau de rose. La chronique d’une jeune courtisane. Pas du tout. Tout d’abord parce que le ton n’est ni mièvre, ni terne mais au contraire vif et coloré. Plein d’humour. Ensuite, parce que l’auteur, Stéphane Fière, qui vit en Chine, connaît parfaitement son sujet. Il parle le mandarin et est complètement intégré dans le pays. Il en connaît les règles, la morale, les tabous. C’est ainsi que, par la voix de sa narratrice, il nous fait découvrir toutes les ambivalences de la Chine moderne. On y rencontre des expatriés, des hommes d’affaires, des prostituées, le luxe et la grande pauvreté. Un roman singulier et attachant.


Marie Torres
Une Chinoise ordinaire
Stéphane Fière
Editions Métailié, 9 janvier 2014
18 euros

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